Aller au contenu

Pourquoi la guerre ? Albert Einstein / Sigmund Freud

    Pourquoi la guerre ? (Warum Krieg ?) rassemble un échange épistolaire de 1932, entre Albert Einstein et Sigmund Freud, sur le thème de la guerre, à la demande de la Commission internationale de coopération intellectuelle. Cette correspondance est publiée en 1933, en France, en Allemagne et en Angleterre. Le titre retenu est de Sigmund Freud.

    Lecture avec Aline Martin, Jean Lorrain, Thierry Jobard, organisée par À livre ouvert…wie ein offenes Buch.

    SAMEDI 16 mars 2019 11.00 – Librairie Kléber, Salle Blanche

    Contexte

    En 1931, la Commission permanente pour la littérature et les arts de la Société des Nations demande à l’Institut international de coopération intellectuelle d’organiser un échange épistolaire entre des intellectuels représentatifs. Ces correspondances et entretiens entendaient mettre le dialogue au service de la paix, dans la perspective d’un nouvel humanisme.
    Albert Einstein est sollicité, il se tourne alors vers Sigmund Freud comme interlocuteur. En juin 1932, le secrétaire de l’Institut écrit à Freud afin qu’il participe à cet échange. Le 30 juillet 1932, Einstein envoie, depuis Potsdam, ses thèses à Freud qui répond, depuis Vienne, en septembre. En 1933, la publication de l’échange voit le jour à Paris puis en Allemagne, deux semaines après l’accès d’Adolf Hitler au poste de chancelier ; elle y fut tout de suite interdite. Le 10 mai 1933, les nazis organisent des autodafés où les livres inscrits sur une liste noire, notamment les ouvrages de Freud et Einstein, sont brûlés publiquement.

    Extrait de la lettre d’Einstein « Existe-t-il une possibilité de diriger le développement psychique de l’homme de manière à le rendre mieux armé contre les psychoses de haine et de destruction ? Et loin de moi la pensée de ne songer ici qu’aux êtres dits incultes. J’ai pu éprouver moi-même que c’est bien plutôt la soi-disant « intelligence » qui se trouve être la proie la plus facile des funestes suggestions collectives, car elle n’a pas coutume de puiser aux sources de l’expérience vécue, et que c’est au contraire par le truchement du papier imprimé qu’elle se laisse le plus aisément et le plus complètement saisir. »

    Extrait de la réponse de Freud « Je crois que le motif essentiel pour quoi nous nous élevons contre la guerre, c’est que nous ne pouvons faire autrement. Nous sommes pacifistes, parce que nous devons l’être en vertu de mobiles organiques… Et maintenant combien de temps faudra-t-il encore pour que les autres deviennent pacifistes à leur tour ? On ne saurait le dire, mais peut-être n’est-ce pas une utopie que d’espérer dans l’action de ces deux éléments, la conception culturelle et la crainte justifiée des répercussions d’une conflagration future, pour mettre un terme à la guerre, dans un avenir prochain. 
    Par quels chemins ou détours, nous ne pouvons le deviner. En attendant, nous pouvons nous dire : Tout ce qui travaille au développement de la culture travaille aussi contre la guerre. »