Table ronde avec Jenny Litzelmann, directrice de la Maison Albert Schweitzer de Günsbach, Jean-Paul Sorg, traducteur et spécialiste de l’œuvre d’Albert Schweitzer, Gérard Leser, Président de la Société d’histoire du Val et de la Ville de Munster
Lecture : Aline Martin et Jean Lorrain
La table ronde fut suivie à 19h30 d’une lecture-concert « Albert Schweitzer et Hélène Bresslau, correspondance » avec Jean Lorrain et Aline Martin (À livre ouvert/wie ein offenes Buch) et Lisa Erbès au violoncelle.
La vie et l’œuvre d’Albert Schweitzer (1875-1965) sont traversées par la question des langues, du nationalisme et du multiculturalisme. 45 ans allemand, 45 ans français au cours de son existence, 52 années de voyage entre l’Alsace et l’Afrique. Le monde entier n’a cessé de le presser à s’exprimer sur son appartenance principale. De la part de l’intéressé, jamais la moindre réponse. Si ce n’est : « Je suis un homme de Gunsbach et un citoyen du monde ». On parlait allemand à l’école, français à la maison chez les Schweitzer. Le jeune Albert reçut un enseignement musical dans les deux traditions, à Strasbourg et à Paris. En tant que médecin, il a voulu que son œuvre humanitaire à Lambaréné soit supranationale comme supra-confessionnelle. Dans son hôpital, on parlait alsacien, « suisse », allemand et naturellement français avec les patients et dans les relations avec l’administration. Les sermons en plein air du dimanche étaient aussi en français, avec traduction dans les deux dialectes africains locaux. Et la traduction dans tout ça ? Il n’a pas vraiment traduit, mais librement réécrit en allemand, son ouvrage Jean-Sébastien Bach, le musicien-poète (édité à Paris et à Leipzig en 1905). Sa vaste correspondance est rédigée dans les deux langues, selon les destinataires. Dans ses lettres à Hélène Bresslau, de 1902 à 1912, il sautait allègrement de l’une à l’autre (70% de français, 30% d’allemand, parfois mâtiné d’alsacien).
S’appuyant sur la lecture d’extraits de textes, les débateur·rice·s nous présenteront comment la pensée et l’action de Schweitzer – puisque chez lui, l’une ne va pas sans l’autre – sont déterminées par ces va-et-vient sans cesse entre les continents, les univers et les langues, et comment il nous montre que vivre, c’est traduire sans cesse le penser en agir et inversement.
Un événement de À livre ouvert… wie ein offenes Buch, de la Librairie Kléber, de la Société d’histoire du Val et de la Ville de Munster, de la Maison Albert Schweitzer de Günsbach et de la Chapelle protestante de l’Hôpital Civil dans le cadre de « D’une langue vers l’autre », en partenariat avec le Goethe Institut Strasbourg