Notre Projet
Maison de la sagesse – Traduire/Haus des Weisheit-Übersetzen Strasbourg
De nombreuses actions sont mises en œuvre dans tous les domaines, dans le quartier du Neuhof et au-delà, par le CSC, les établissements scolaires, l’Université, les associations et les institutions, en faveur d’une meilleure qualité de vie pour chacune et chacun. Cela va de l’attention à l’environnement à l’accès aux outils numériques, en passant par la découverte de la ville et les cours de langues, les actions pour l’accueil des réfugiés ou en faveur des langues et cultures régionales, l’enseignement de la musique et les l’activités sportives etc. Toutes ces activités, dont le bien-fondé ne saurait être remis en question, « fonctionnent » les unes à côté des autres, mais elles s’ignorent trop souvent les unes les autres et contribuent ainsi à entretenir des formes de cloisonnement, voire à en développer de nouvelles – là où, au contraire, sont recherchés la cohésion sociale et le dialogue.
Face à ce constat, la question qui se pose aux partenaires, est :
« Comment relier ? »
C’est de cette question que veut se saisir l’équipe réunie autour du CSC Neuhof, qui accepte le rôle de porteur de projet.
La « Maison de la sagesse – Traduire/Haus des Weisheit-Übersetzen » telle que nous l’imaginons n’est pas une institution où des réponses toutes faites sont données d’avance aux questions qu’on ne prend pas le temps de poser vraiment. Au contraire : « Les Maisons de la sagesse-Traduire n’ont ni portes ni fenêtres. C’est un réseau de lieux et d’actions où circulent les langues, les cultures, les générations. »
„Ich bin Leben das leben will inmitten von Leben das leben will”, « je suis vie qui veut vivre au milieu de vie qui veut vivre » écrivait Albert Schweitzer, le philosophe alsacien à l’origine de l’Éthique du respect de la vie. Et aussi « la vie n’est pas seulement une énigme, c’est un mystère. »
Ce désir de vivre qui nous est commun, et ce mystère qu’est la vie nous dépassent tous et toutes. Ils poussent l’être humain à les traduire sans cesse en gestes, en objets, en mots – de langues et de cultures différentes. Ce n’est que lorsque nous les mettons en relation et non en opposition, qu’elles s’enrichissent mutuellement et que le besoin d’appartenir à « quelque chose » peut devenir une ouverture au monde.
L’enrichissement dont il est question n’est pas financier, ni économique, mais culturel.
« Le traducteur ne peut pas être personne. » C’est avec ces mots que Barbara Cassin et Danièle Wozny terminent leur livre qui raconte l’aventure et fait l’état des lieux des « Maisons de la sagesse-Traduire. »
Avec les mots, les objets, les langues, nous cultivons donc la valeur de chaque personne en l’invitant à nouer des relations, c’est-à-dire à la fois relier et relater les expériences, tisser du lien en joignant le geste et la parole.
Nous vérifions ainsi que vivre c’est traduire et que traduire c’est la grande affaire de l’hospitalité : c’est accueillir l’autre et être accueilli par elle ou lui dans sa langue ; essayer de s’entendre l’un, l’autre et de rendre le monde accueillant en apprenant à nommer et à écouter.
Recenser ce qui existe
C’est également par un état des lieux des actions réalisées par le passé et en cours actuellement, que nous nous devons de commencer notre travail. Il est essentiel de recenser de façon précises les multiples initiatives mises en œuvre, pour pouvoir, dans un second temps, les nommer pour commencer à mettre des mots et faire circuler la parole entre les acteurs et bénéficiaires.
Ce faisant, nous nous emploierons à mettre les langues à l’épreuve de la traduction pour montrer comment la valorisation de chacune nous permet de dépasser la peur de l’autre, qui est avant tout la peur de ne pas comprendre. « La traduction, en tant que savoir-faire avec les différences, est un moyen de comprendre qu’on ne comprend pas et donc de commencer à comprendre qu’on ne comprend pas. Postulons que comprendre est le meilleur moyen de ne pas laisser gagner la peur. »
En ce sens notre projet se veut citoyen.
Un laboratoire à l’échelle d’un quartier…
Nous avons d’ores et déjà repéré plusieurs domaines, acteurs et actions, identifiés des thèmes fédérateurs, imaginés des temps de rencontres :
Des acteurs et leurs démarches
Le CSC Neuhof
Une association d’habitants au service des habitants.
Le projet du centre social et culturel repose sur le principe de la participation des habitants et de leur pouvoir d’agir. Le projet est conçu de telle manière que chacun peut y trouver une place. On peut y être simplement adhérent et participer aux activités, ou alors être bénévole actif dans la mise en œuvre des projets, mais encore administrateur en charge de la gestion de l’association… Il s’agit pour nous d’amener les habitants à être des acteurs à part entière de la vie de leur quartier. Favoriser le vivre ensemble, la solidarité, l’échange et le partage entre les personnes est un engagement de tous et de tous les instants. Le Centre est un lieu qui favorise et soutient les initiatives des habitants et des associations d’habitants. Il vise à co-construire des réponses adaptées aux problématiques du territoire. Le partenariat est un élément essentiel du travail de notre structure. De plus, toutes les structures du territoire et d’ailleurs sont susceptibles d’être nos partenaires de manière ponctuelle ou plus régulière pour œuvrer collectivement au bien-être des habitants et au développement social du territoire.
La Cybergrange et le numérique pour tous
« Tiers lieu dédié à l’inclusion numérique au coeur du QPV Neuhof/Meinau, la Cybergrange est tout à la fois lieu de formation tous azimuts, point d’accès aux droits, espaces de loisirs numériques et Fablab solidaire. Elle a été imaginée par un collectif de partenaires : le collège Solignac, l’équipe de prévention spécialisée de la Jeep, FACE Alsace, Form’maker, l’école de formation de développeurs web “Access code School”, l’entreprise Neuronality, Lupovino, le projet FOCALE PIC 100% inclusion pour accompagner 400 personnes à la recherche d’un emploi, l’organisme de formation CPCV Est, la RESU.
Labellisé “Fabrique numérique de territoire” dans le cadre du programme national “Nouveaux lieux, nouveaux liens”, notre Tiers Lieu accompagne les habitants du Neuhof et de la Meinau dans quatre domaines : la formation et l’accès à l’emploi, l’accès aux droits dans un contexte de dématérialisation des démarches des services publics (comme la CPAM, la CAF, Pôle emploi…), la vie quotidienne (comme l’équipement informatique à domicile, l’école à la maison, l’apprentissage du Français, la gestion des temps d’écrans avec les enfants, les relations sociales numériques sur les réseaux sociaux, la e-consommation…) et les loisirs créatifs et récréatifs numériques (jeux vidéo, apprentissage du code, expérimentation, fabrication, création d’objets…). »
L’école de musique du CSC Neuhof
« Une école à l’image du quartier du Neuhof, un endroit riche de ses diversités culturelles.
Cette école est ouverte à toutes personnes. Novices, débutants ou musiciens en herbe sont tous les bienvenus pour partager un moment convivial autour de l’apprentissage musical.
« Vous avez des projets ? Que ce soit pour des concerts ou encore des spectacles, vos idées sont les bienvenues. Notre équipe est là pour vous accueillir, pour vous accompagner dans vos différents projets artistiques. »
Concerts, spectacles et encore bien d’autres évènements. »
Le Collège Baldung-Grien de Hoerdt
Une équipe pédagogique consciente des enjeux d’avenir que représente la participation à un projet interculturel et intergénérationnel ambitieux.
L’Université de Strasbourg et la Maison universitaire internationale
Une université cosmopolite et porteuse d’une politique d’accueil des étudiants étrangers, réfugiés ou non.
« Le service d’accueil international de l’Université
Cette infrastructure intègre également les services utiles à tous les publics universitaires étrangers. Au premier niveau du bâtiment, le pôle d’accueil international de l’Université de Strasbourg propose un accompagnement personnalisé aux démarches administratives liées à leur séjour en France. Ce service d’accueil comprend également des permanences d’administrations utiles à l’installation et offre des cours de français langue étrangère.
Ce bâtiment abrite également le Centre de services Euraxess de Strasbourg qui offre une assistance personnalisée et gratuite aux chercheurs internationaux et à leurs familles.
Pensée pour être un carrefour de rencontres interculturelles, la Maison universitaire internationale est aussi le lieu de référence pour les étudiants et personnels de l’Unistra qui souhaitent partir en mobilité internationale. Ils pourront s’y informer sur les différents programmes d’échanges, les financements et les modalités de départ. »
L’Office pour la langue et les cultures d’Alsace-Moselle
« L’Office pour la Langue et les Cultures d’Alsace et de Moselle (OLCA) œuvre pour une présence plus forte de l’alsacien dans tous les domaines et soutient les initiatives des associations, collectivités, administrations et entreprises. Il est également pôle d’information et de documentation dans les domaines de la langue et de la culture régionales. Son action s’inscrit en accompagnement des politiques initiées par la Région Grand Est et la Collectivité européenne d’Alsace. »
La librairie Kléber et les Bibliothèques idéales
« Filiale alsacienne de Gallimard, elle est devenue au fil des ans un des lieux emblématiques des débats de société et des débats culturels. Elle est à l’origine des Bibliothèques idéales, moment phare de la rentrée et de la vie littéraires strasbourgeoises et internationales. »
L’association A livre ouvert/wie ein offenes Buch
Réinterroger la littérature depuis le Moyen-âge (parce qu’on n’en finit pas d’interroger le langage) c’est réinterroger l’histoire, la culture pour ne pas être réduit à ce qu’on est. La réinterroger en Alsace, dans la région rhénane, c’est se demander jusqu’à quel point on est français, allemand, alsacien – c’est à dire humain – et comment le fait d’habiter, depuis plus ou moins longtemps, cette terre de frottement – et s’y frotter – s’inscrit en ses habitants. C’est chercher comment, dans une altérité partagée, de nous autres et vous autres, peut naître ici, au grand jour, un unsereiner de connivence.
Nous voulons nous entretenir avec les auteurs qui ont su traduire en langues et donnant, par-delà les frontières, forme et vie à l’ailleurs en soi dans l’amour de l’autre, ouvrir les voies de la rencontre. Donner à entendre ces auteurs c’est donner une chance à la pensée et au dialogue. Entretenir et partager cette texture non pour rendre hommage au passé ou à des monuments littéraires, mais pour écrire de nouvelles pages en relisant ensemble le livre.
L’histoire de cet « ici » est belle, tragiquement, humainement belle. Et de nombreux auteurs l’ont écrite dans toutes ses langues, chacune à tour de rôle ou mêlées, mais rarement au bon moment, ce pour différentes raisons – de contenant et de contenu.
Nous faisons le pari que « ce bon moment » est venu. Que le temps est là et qu’il est urgent de le prendre pour leur donner la parole, prendre langue avec eux, parce qu’ils sont beaux, forts, drôles, généreux, que leurs textes ont du corps et de l’esprit – et pas parce qu’ils sont alsaciens. Ou plutôt si, mais dans le sens de ce geistiges Elsässertum, cette « alsaciannité de l’esprit », chère à Schickele, Arp, Alexandre, et grâce à laquelle ils ont su puiser dans leur histoire singulière ce qu’il y a de profondément universel, pour la mettre en dialogue avec l’histoire du monde en lui donnant sa juste place parmi, avec les autres.
Pour mieux faire face au sentiment d’urgence, nous prenons le temps de la littérature, le temps long du développement durable – le temps de la culture, de la pensée et de la traduction pour construire le dialogue. ‘s isch zitt, le temps est venu, the time has come « de combler les gouffres qui nous séparent. »
Des thèmes qui rassemblent
L’hospitalité et la convivialité : gestes et des mots de nos quotidiens
Nos objets ont une histoire, nos histoires ont une valeur : parlons-en
Raconter les histoires et les souvenirs qui nous lient aux objets qui nous sont précieux, qui nous ont été transmis parfois de génération en génération comme témoins. Redonner leur valeur culturelle aux légendes, contes de toutes origines en les racontant dans les langues qui les ont vus naître et en les traduisant pour ceux qui ne comprennent pas.
On mange !
Faire la cuisine, se réunir pour manger, quoi de plus naturel ? quoi de plus culturel ?
Mais on ne prépare pas les mets, on ne passe pas à table (ou pas) partout de la même manière, ni avec les mêmes manières. Les goûts, les saveurs aussi ont des histoires qui se croisent plus souvent qu’on ne pense. Ateliers et livres de recettes sont des occasions d’échanges.
Et maintenant jouons !
Partout la musique réunit : ceux qui jouent ou chantent et ceux qui écoutent, à de multiples occasions. Des comptines et berceuses de l’enfance aux concerts réunissant des milliers d’auditeurs, en passant par les hymnes nationaux ou religieux les hymnes à l’amour, les influences nous traversent et se traversent.
Fête de la diversité, diversité de la fête !
Haut-lieu de la convivialité elle permet à tous de participer par la mise en valeur des traditions et des arts de toutes les cultures : chant, musique, danse, cuisine.
Silence, on tourne
« Donner de la visibilité à l’invisibilité » tel pourrait être la devise de « Tous à bord ».
Tous à bord est une web TV pas comme les autres. Née dans le quartier, impulsée par le CSC, elle voyage dans la ville et au-delà pour récolter des images et inventer de nouveaux récits à diffuser.
… vers un engagement pour toute la Cité.
Ce projet a vocation à dépasser les limites : culturelles, générationnelles, confessionnelles, territoriales : nous partons de nos expériences, en reconnaissance et en quête de la reconnaissance réciproque, vecteur indispensable de la citoyenneté librement choisie et partagée. Par ce cheminement nous ouvrons de nouvelles voies pour une Cité accueillante pour toutes et tous, et fidèle aux symboles de la République.
Pour le collectif,
Aline Martin
A livre ouvert / wie ein offenes Buch